Auteur : Christian Bois
Nous commençons ici un travail critique sur le discours tenu sur les phages-gardiens et la phagothérapie.
Ce qui nous frappe c’est que les défenseurs de la phagothérapie tiennent un discours qui est « bizarre ». Il faut dire que, pour l’instant, la phagothérapie est « plutôt interdite ».
On a donc des discours « sous contrainte » pour ne pas dire « sous menace ».
D’où la nécessité du présent décodage.
66 Millions d’Impatients : Interview d’un des spécialistes et défenseur de la phagothérapie, Jérôme Larché, médecin réanimateur et Président de Phagespoirs, association visant à promouvoir d’une part la recherche et l’utilisation des bactériophages dans le domaine diagnostique et thérapeutique, et d’autre part visant à soutenir les patients désirant en savoir plus sur les bactériophages.
66 Millions d’Impatients : Que conseilleriez-vous à des personnes qui souhaiteraient savoir si, dès aujourd’hui, une phagothérapie pourrait être pratiquée sur eux ?
Concrètement, les personnes qui souhaitent aujourd’hui bénéficier d’un traitement par phagothérapie doivent se rendre ou se mettre en contact avec les équipes médicales qui la pratiquent, essentiellement en Pologne ou en Géorgie. Mais il est essentiel que ce soit fait dans un cadre éthique et médical strict qui doit, à mon sens, respecter les conditions suivantes :
1/ Que la personne soit dans une situation d’impasse thérapeutique validée, de façon pluridisciplinaire.
2/ Que la personne soit informée sur le rapport bénéfice / risque de la phagothérapie qui va lui être administrée (comme cela devrait être le cas pour tout traitement), en insistant en l’occurrence sur le fait que ce type de thérapie n’est pas à ce stade scientifiquement validé dans les normes habituellement en vigueur en matière médicamenteuse en Europe.
3/ Que la personne puisse obtenir la garantie que la documentation bactériologique, de son infection et du phage correspondant qui va lui être administré, a été faite dans de bonnes conditions.
4/ Que la personne bénéficie d’un suivi sur le moyen / long terme entre l’équipe médicale qui administre le bactériophage et celle qui la prend en charge au quotidien dans la durée.
Dans ces conditions, et notamment du fait de la première d’entre elles qui veut qu’aujourd’hui on réserve la phagothérapie aux situations d’impasse thérapeutique, l’utilisation des bactériophages dans notre arsenal thérapeutique me semble irréprochable et même essentiel. C’est un message qu’il faut réussir à faire passer auprès des autorités sanitaires pour les obliger à dépasser le silence dans lequel elles s’enferment toujours face à la phagothérapie. En considérant les conséquences médicales et psychosociales observées chez ces patients, il n’est plus acceptable qu’elles se réfugient en la matière derrière un principe de précaution qui laisse sur le bord du chemin des dizaines de milliers de personnes en Europe au pronostic vital et fonctionnel engagé. Il faut trouver un juste équilibre entre principe de précaution et nécessité d’innovation face à une urgence de santé publique.
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