Quels dommages pour quelles victimes ?
Pour la simplification de nos articles, nous employons la formule « décès, amputations, invalidations ». Il faudrait ajouter « arrêts de travail, perturbations de la vie familiale et sociale, souffrance, etc. ».
Longtemps
Cela fait plus d’un siècle que l’on administre des antibiotiques de synthèse à des humains.
A partir de quel moment une première bactérie a-t-elle développé une résistance à un antibiotique ? Un siècle ?
Pourquoi compter ?
Combien de victimes les bactéries multirésistantes aux antibiotiques – BMR – font-elles chaque année ?
Ces derniers temps, selon l’acteur qui s’exprime, selon que c’est pour un rapport au Ministère de la santé ou pour une publication académique on a trois types de réponses :
- « on ne sait pas »
- « plus que ça »
- « moins que ça »
En divers endroits de notre étude, nous employons le mot « ubuesque ».
Qui peut nous dire combien fait « un peu plus que on ne sait pas » ?
Pourquoi compter ?
Dans le premier paragraphe du rapport de Jim O’Neill, l’auteur s’interroge : « Pourquoi les autorités font-elles appel à moi, économiste, pour traiter un problème médical ? » « Parce que quantité de facteurs du problème BMR sont des facteurs économiques. » répondent les autorités.
Le lecteur français ne peut s’empêcher de penser à une phrase célèbre « ça coûte un pognon de dingue ! »
Alors Jim O’Neill compte et son équipe d’experts évalue qu’en 2050, dans le monde, dix millions de personnes décéderont chaque année par BMR.
Ce n’est pas une faute de frappe. 10 millions de décès par an.
On se rappelle que, dans la décennies 90, les guerres ont fait dix millions de morts.
Les BMR tueront dix fois plus que les guerres et plus que le cancer.
Et Jim 0’Neill commente : « C’est réellement shoking. »
Comment compter ?
Les décès de citoyens français se partagent en deux groupes :
- le groupe A où le décès n’a rien à voir avec les BMR
- le groupe B où le décès est associé à une ou plusieurs BMR
A chaque décès d’un citoyen français, il faut faire un prélèvement et une culture bactérienne + test aux antibiotiques.
C’est juste impossible.
On procède par extrapolation à partir d’observations sur ce qui se passe dans une petite population.
Qui dit extrapolation dit controverse. D’où les « c’est plus, c’est moins » vus plus haut.
Encore faut-il avoir une étude sérieuse qui réellement « prête à penser« .
Les BMR comme cause
Tel décès par maladie cardiovasculaire a-t-il pour cause une BMR ?
Ce doigt amputé suite à un panaris a-t-il pour cause une BMR ?
L’usage perdu de cet œil a-t-il pour cause une BMR ?
Si l’on étudie les pathologies en 2019, on voit les difficultés.
Notre question ici se pose sur un siècle.
Pourquoi « un million » de victimes ?
Si, aujourd’hui, en France, il y a cent mille victimes par an – addition de tous les types de dommages – cela représente dix millions de victimes en un siècle.
Mais le phénomène est dit « exponentiel« .
Dans le rapport de Jim O’Neill on voit passer le nombre annuel de décès dans le monde de 700 mille aujourd’hui à 10 millions en 2050.
D’où des discussions infinies possibles sur le nombre de victimes dans une « tranche de temps » donnée.
Pour un article didactique il faut choisir un nombre facile à retenir : un million.
La dispute présente-t-elle un intérêt pour la prise de décision ?
Qu’il y ait 900 mille victimes des BMR en un siècle en France ou 1,1 million change-t-il quelque chose à la décision ?
Absolument rien.
Ce qui est important c’est que :
– économiquement est énorme
– humainement c’est dramatique
– juridiquement c’est hautement problématique
– ça paralyse les acteurs – voir les non-décisions du Ministère de la santé
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