Le classement des phages

Résumé

Il y a le phage-gardien qui tue la bactérie.
Il y a le phage-mutateur qui peut rendre une bactérie dangereuse.
Les deux se nomment « phage » mais leurs fonctionnements n’ont rien à voir l’un avec l’autre.

Un très grave problème

Les bactéries multirésistantes aux antibiotiques ont fait un million de victimes en un siècle. Ceci alors que la phagothérapie existe, est sans effets secondaires avec un bilan économique positif.
Comprendre ce scandale sanitaire est un défi pour le chercher en Sciences sanitaires.

Une composante de ce défi réside dans l’identification de la confusion lexicale de certains documents.

La peur des phages mutateurs qui aident à transporter le mal

On les nomme aussi phages vecteurs, phages tempérés, phages lysogènes, etc. (1)

Le plus grand nombre de travaux de recherche est fait sur ce type de phages pour deux raisons :

  • protéger l’être humain de la transmission de la résistance aux antibiotiques
  • utiliser les propriétés des phages mutateurs pour transporter des éléments bénéfiques 

Les phages-gardiens

Ce qui nous intéresse pour la lutte contre les bactéries ce sont les phages qui sont « sans aucun doute » des tueurs de bactérie pathogène. On les nommes phages-gardiens ou phages lytiques.

Les phages « battards »

Il existe deux catégories intermédiaires de phages. (2)

Une classification politique

Il y a le besoin de classification du chercheur de laboratoire.

Il y a le besoin de classification du chercheur clinique et des acteurs politiques qui l’accompagnent.

Certains chercheurs proposent le nom de phages-gardiens pour aider à la prise de conscience que certains phages peuvent – et doivent – être utilisés immédiatement. Voir le film.

On a une connaissance suffisante des conditions du fonctionnement du phage-gardien – lytique – pour que la phagothérapie soit une pratique sûre.

L’effroi de Frankenstein

Certains auteurs se font peur avec le fonctionnement, les risques des phages mutateurs.

Mais c’est fou de transférer cet effroi sur les phages-gardiens.

Conclusion

Dans la recherche des causes multiples du scandale sanitaire, la question du lexique et de l’usage qu’en font certains auteurs est critique.

C’est le rôle des Pouvoirs publics – santé et éducation – de former correctement les professionnels de santé, les politiques et les usagers.

Notes

(1) Christophe Merlin, Ariane Toussaint Les éléments transposables bactériens

Voir aussi les travaux de Johan G de Boer

(2) Le processus lysogène peut entraîner une mutation de la bactérie.
C’est le cas de l’inoffensive bactérie Vibrio qui, quand elle est lysogénisée par le phage CTX2, cause le choléra.

La dichotomie lytique/lysogénique a récemment été critiquée, car les deux notions ne sont pas à opposer, ne représentent pas la diversité des mécanismes d’infections des phages et sont souvent la source de classification et d’usage de mots approximatifs.

Les auteurs proposent de classer les types d’infection en 4 catégories :

  • type I : phages à infection lytique et non tempérée (ex. : T4T5) ;
  • type II : phages à infection chronique et non tempérée (ex. : M13) ;
  • type III : phages à infection lytique et tempérée (ex. : Lambda) ;
  • type IV : phages à infection chronique et tempérée (ex. : CTXφ).

 

 

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